Portrait de Claire Elmosnino, artiste ébéniste à Vannes (©Julie Bourges)

UNE RECONVERSION PROFESSIONNELLE POUR (RE)CONVERTIR LE BOIS

 

Une carrière dans la communication et un jour, le besoin de suivre un vieux rêve.
Après un an et demi de formation et l’obtention de mon CAP d’ébéniste, j’ai quitté Paris pour m’installer en Bretagne.
Vivre là où depuis toujours je respire. Et ouvrir mon propre atelier.

Mais si j’ai appris à fabriquer des meubles à partir d’arbres exploités dans ce but, je savais que je n’exercerais pas ce métier ainsi.

Parce que que je ne veux pas abattre d’arbres.

Pendant ma formation, je n’arrivais pas à jeter les chutes des meubles que je réalisais. C’est cette matière première que j’ai commencé par transformer.

Puis un ami brocanteur m’a offert trois planches de bois ancien, les étagères d’une armoire en chêne du 17ème siècle.
Ce fut une révélation.

Depuis, je n’utilise que du bois qui a déjà eu une première vie : chutes, branches, vestiges de meubles.

Chacune de mes créations est unique car née d’un morceau de bois dont les caractéristiques (l’essence, les dimensions, l’état) guident et contraignent mon travail.

Je révèle la beauté enfouie, je sublime l’oeuvre du temps et j’offre au bois une nouvelle vie. Sa propre reconversion.

Vue d'atelier, vestiges de meubles en bois ancien (©Roxane Guidez)

BOIS ANCIEN : DES VESTIGES DE MEUBLES ÂGÉS DE PLUSIEURS SIÈCLES

 

Dans une démarche autant écologique que poétique, je chine d’anciens panneaux de meubles dans les recoins d’ateliers de restaurateurs de mobilier – souvent retraités depuis bien longtemps.

Ces vestiges qui peuvent parfois remonter jusqu’au 16ème siècle, témoignent du métier d’ébéniste tel qu’il était alors pratiqué : présence de noeuds jugés aujourd’hui disgracieux, de marques de scie, de hachette…
J’y découvre parfois des noms et très souvent des symboles techniques, ceux que j’ai appris pendant ma formation.

Le bois ancien m’émeut.
Je me retrouve dépositaire d’héritages anonymes : des meubles d’ancêtres qui ne sont pas les miens. De leurs histoires inconnues comme engrammées dans ces planches.

Je transforme des vestiges de meubles lourds, abîmés et encombrants en pièces légères, douces et minimalistes.
C’est le reflet de mon intérêt pour la généalogie, voire la psycho-généalogie si l’on nomme ainsi l’idée d’un héritage inconscient de nos aïeules et aïeux qui peut influencer nos vies.
Et j’y vois un lien avec la façon dont j’ai choisi de revisiter mon histoire familiale pour me délester de son poids et n’en conserver que ce qui me porte.

C’est ce que je fais avec le bois. J’allège des héritages parfois trop lourd à porter.

Et je rêve de le faire avec vos meubles de famille.
Vous avez chez vous l’armoire ou le buffet de votre arrière grand-mère dont plus personne ne veut ? Envoyez-m’en quelques morceaux et transformons les en autant de pièces qu’il y a de descendant-es.
Chacun.e conservera un souvenir léger et doux.

Galets en bois à messages semés sur une plage bretonne

GALETS À MESSAGE : MATÉRIALISER DES MOTS DOUX

 

Avant de quitter Paris pour m’installer en Bretagne, j’ai cherché comment exprimer ma gratitude à celui qui m’avait accompagnée tout au long de ma reconversion professionnelle.
Lui dire merci ne suffisait pas.

J’ai sculpté une chute d’orme en forme de galet et j’y ai gravé ce mot.
Pour lui donner plus de force, de sens.

Je le lui ai offert.
Son émotion était palpable.
J’ai compris que mon message était passé.

C’est ainsi que sont nés mes galets en bois à message.

Depuis, je parcours les scieries, les ateliers et les jardins en quête de chutes des plus belles essences de bois pour les transformer en galets.

Façonnés à la main, poncés, polis, je pose sur chacun d’eux un mot, une intention, une émotion.
Un souvenir parfois.
Pour les rendre tangibles. Les matérialiser. Les toucher.
Pour évoluer, grandir. Transmettre.

Comme le Petit Poucet, je les sème pour que chacun puisse retrouver son chemin.